REVUE DE PRESSE BD & CARICATURE ZEBRA N°151

Humour juif ?

Les Juifs ont, comme les Anglais et contrairement aux Allemands, la réputation d’avoir de l’humour. Peut-être parce que les Juifs ont inventé le péché ?

Il se dit que l’humour du “New-Yorker” est parfois si subtil que seuls les Juifs peuvent le comprendre. L’élection récente d’un maire iranien à New York est sans doute une blague juive faite aux sionistes.

Dans cet album paru chez Dargaud (2025), c’est le titre de couverture qui interpelle : il conviendrait en effet parfaitement pour un bouquin d’humour paysan.

Tokyo 68

Il peut paraître surprenant qu’il y ait eu au Japon, nation d’une soumission exemplaire au capitalisme, un mouvement de protestation comparable à celui de “Mai 68” en France (nul besoin d’une Elisabeth Borne ou d’un Donald Trump au Japon pour rappeler l’importance de la “valeur travail”).

Ce mouvement fut déclenché par l’attaque du Vietnam par les Etats-Unis à partir de bases navales japonaises. La bande dessinée, documentée, montre des manifestants s’opposer en vain à l’accostage d’un bâtiment de guerre américain. Si le mouvement de “Mai 68” en France s’est rapidement politisé, il n’était au début qu’une grève estudiantine dénonçant les conditions de vie déplorable sur le nouveau campus de Nanterre.

Les bombardements d’Hiroshima et Nagasaki, d’une violence extraordinaire, ont suscité dans une frange de l’opinion publique japonaise un mouvement pacifiste, comme la guerre de 14-18 en France. Ces pacifistes entendent s’opposer à l’alliance militaire du Japon avec les Etats-Unis - Japon qui n’était alors pas plus indépendant que les nations satellites de la Russie soviétique. Les militants du parti communiste japonais protestent aussi contre l’implication du Japon, mais leurs motivations sont plus ambiguës.

La BD d’Hélène Aldeguer et Chelsea Szendi Schieder (éd. Libertalia, 2025) montre la diversité des opinions des contestataires, les doutes et les certitudes qui animent les uns et les autres. Comme en France en “Mai 68” le mouvement est surtout masculin ; il est assez difficilement concevable pour une jeune femme japonaise d’affronter la police d’Etat.

Un demi-siècle plus tard le Japon reste toujours aussi soumis à son “tuteur” états-unien, jouant récemment les agents provocateurs au service de D. Trump. La crise du régime soviétique à la fin du XXe siècle a, en revanche, permis aux nations sous le joug soviétique d’acquérir une forme d’autonomie… relative, puisque le bras de fer entre la Russie de Poutine et les Etats-Unis, qui a tourné à l’avantage de la première, hypothèque lourdement l’avenir de l’Union européenne, trahie par son allié.

Le dessin n’est malheureusement pas très éloigné de l’esthétique industrielle des mangas.

par Soulas (1932-2025).

Soulas où ça fait mal

Le caricaturiste Philippe Soulas, né dans la région toulousaine en 1932, s’est éteint la semaine dernière à un âge canonique en laissant derrière lui quelques dessins au trait acéré ; moins suggestif et plus direct que son confrère à “Hara-Kiri”, Roland Topor, Soulas était d’abord un moraliste, en un siècle où ils ont disparu et où on ne lit plus La Fontaine, comme l’acteur Fabrice Luchini, que pour charmer l’oreille du public.

Publiant dans “L’Enragé” de Siné en “Mai 68”, il avait contribué dernièrement à “Siné-Mensuel” (et dessiné pendant dix ans pour “Libération”, avant de céder la place à Willem). Le titre du journal qu’il avait fondé, “Politicons”, résumait assez bien ses idées politiques. Espérons qu’il sera bientôt réédité !

Caricatures fraîches par Jérem (“Facebook”), Kurt (“Nord-Littoral”), Gros (“Marianne”), LB (“Marianne”) & Zombi (“Zébra”) :

par Jérem.

par Kurt.

par Gros.

par LB.

par Zombi.

Le fanzine du mois de décembre - spécial Vallotton - est paru ! (pour s’abonner écrire à [email protected])