REVUE DE PRESSE BD & CARICATURE ZEBRA N°127

par Morten Morland.

S’il y a un domaine où les artistes britanniques sont sans rivaux, c’est celui des cartes de Noël ou de voeux. Il ne manque personne dans ce dessin de Morten Morland, caricaturiste vedette de “The Times” !

par H.P. Gassier

L’âge d’or de la caricature

Le volumineux ouvrage d’Yves Frémion (éd. Glénat, novembre 2024) comble un vide, à l’heure où la caricature est enseignée à l’école en France comme le fer de lance de la liberté d’expression.

Avec ses 400 pages et son abondante iconographie, cet album élargira le champ de vision de ceux pour qui la caricature se résume à « Charlie-Hebdo », au « Canard enchaîné » et à quelques titres moins fameux.

A de meilleurs connaisseurs de cet art qui dérive du théâtre de Molière, Y. Frémion fait découvrir certains auteurs tombés dans l’oubli, tel H.P. Gassier (1883-1951), précurseur de Jehan Sennep (le caricaturiste le plus en vue au début du XXe siècle).

Y. Frémion explique bien pourquoi la période 1881-1914 représente un « âge d’or » de la presse écrite en général, et de la caricature en particulier, après des débuts difficiles, « Pour s’en donner une idée, imaginons que nous vivions avec, dans nos kiosques, une cinquantaine de « Charlie-Hebdo » concurrents. ».

Après la loi de 1881, la censure marque en effet le pas et la caricature politique s’installe dans les moeurs politiques ; la censure reprendra ses droits à la faveur de la Grande guerre, qui transformera bon nombre de caricaturistes en propagandistes. Le XXe siècle, idéologique, dominé par les rhéteurs et les intellectuels, cantonnera de nouveau la presse satirique à la contre-culture. Le succès exceptionnel du « Hara-Kiri » de F. Cavanna et du Pr Choron est l’arbre qui cache la forêt.

Cette analyse s’accorde avec celle de George Orwell selon laquelle la culture européenne ne s’est jamais vraiment relevée de la Seconde guerre mondiale, engendrant des monstres politiques en Asie, en Afrique et en Amérique. Orwell partageait d’ailleurs avec les fondateurs de « Hara-Kiri » l’aversion pour la presse national-populiste de son époque, qu’il jugeait tout simplement immonde.

On ne peut pas se dispenser d’étudier la culture bourgeoise au XXe siècle si l’on veut écrire une histoire de la presse de ce temps digne de ce nom. Ce n’est pas un hasard si cette culture bourgeoise, et non le représentant du pouvoir absolu et de la censure (de Gaulle), fut désignée par les fondateurs de « Hara-Kiri » comme leur cible ; ce n’est pas un hasard non plus si la presse bourgeoise assimilera « Charlie-Hebdo » à une publication pornographique.

La presse satirique, résiduelle, n’affronte plus, comme au XIXe siècle, des pouvoirs publics hostiles inquiets de son influence sur l’opinion publique (on peut qualifier de gaffe inefficace la censure de « Hara-Kiri »), elle est tout simplement noyée dans la masse des publications, pour un très grand nombre d’entre elles subventionnées par l’Etat, suivant une méthode qui permet de tuer facilement une publication sans la censurer positivement. La gauche mitterrandienne a mis en place un contrôle de la presse d’opinion et des médias plus efficace que celui dont le général de Gaulle rêvait, un contrôle parfaitement orwellien puisqu’il s’avance, en définitive, au nom de... la liberté d’expression.

Contrairement à Y. Frémion, lui aussi assez naïf sur le XXe siècle, aucun des pourfendeurs du totalitarisme que sont Orwell, ou encore A. Huxley et Hannah Arendt, n’ont manqué d’évaluer et indiquer les conséquences de la nouvelle donne du cinéma, de la télévision et des médias audio-visuels. Huxley comparait la télévision à l’opium, qui a permis à l’empire britannique de coloniser la Chine.

A la fin du XIXe siècle, après que le verrou de la censure et du pouvoir absolu a cédé, la presse écrite se retrouva au centre de la vie politique, et la presse satirique représenta le sommet de cette presse.

Illustration de T. Johannot, modernisée par Zombi.

La bibliothèque de Don Quichotte

Lorsqu’il a appris que sa résidence secondaire avait été vandalisée, ce qui arrive assez souvent aux politiciens ces derniers temps, Jean-Luc Mélenchon a exprimé son inquiétude quant à ses livres et sa bibliothèque. Simple posture ou véritable don-quichottisme ?

L’un des plus fameux épisodes de « Don Quichotte » est une scène d’autodafé (Chapitre VI, intitulé : De la grande et gracieuse enquête que firent le curé et le barbier dans la bibliothèque de notre ingénieux hidalgo). En apprenant les malheurs de Don Quichotte et en comprenant que c’est la lecture de romans de chevalerie insanes qui lui a fait perdre l’esprit, les amis de Don Quichotte entreprennent de brûler ses livres (cf. illustration ci-dessus) ; non sans méthode, puisque le licencié (c’est-à-dire le curé) qui dirige l’opération, justifie chaque destruction opérée par les valets.

“On ouvrit un autre livre, et l’on vit qu’il avait pour titre “Le Chevalier de la Croix” ; - Un nom aussi saint que ce livre le porte, dit le curé, mériterait qu’on fit grâce à son ignorance. Mais il ne faut pas oublier le proverbe : derrière la croix se tient le diable. Qu’il aille au feu !”

Quelques-uns des romans de chevalerie de Don Quichotte, qui possède la collection complète, seront épargnés par la censure somme toute modérée du curé, assisté par le barbier. « Amadis de Gaule » échappe au bûcher, comme le moins mauvais représentant d’un genre abrutissant. De la même façon on peut penser que le curé aurait épargné dans l’autodafé d’une collection de bande dessinée « Tintin & Milou », à titre documentaire.

En 2024 les éoliennes on remplacé les moulins à vent.

Caricatures fraîches par Piérick (“Fakir”), Pez (“La Dépêche du Midi”), LB (“Marianne”), Olivier Lambert (“Facebook”) et Zombi (“Zébra”) :

par Piérick.

par Pez.

par LB.

par Olivier Lambert.

Le fanzine Zébra du mois de décembre est paru ! (pour s’abonner écrire à [email protected]) ; le n° du mois de novembre est consultable gratuitement ci-dessous.

Fanzine Zébra nov. 2024Fanzine mensuel dédié à la BD et à la caricature depuis 2015.3.16 MB • PDF Fichier