Politiquement correct régional

Si l’on devait décerner la palme du « politiquement correct » à une région de France, la Bretagne l’emporterait sans doute haut la main. La PQR (presse quotidienne régionale) fournit un indice assez fiable du « politiquement correct », région par région. Les lecteurs bretons de la PQR se répartissent entre « Ouest-France », d’extrême-centre droit, et « Le Télégramme », d’extrême-centre gauche. La V^e République n’a pas seulement aplani les talus en Bretagne.

Comme les Etats-Unis, la Bretagne illustre d’ailleurs que le centrisme n’est nullement un gage de modération ou d’unité nationale.

Pendant l’été, « Le Télégramme de Brest » accorde une large place à son caricaturiste de service (j’ai failli écrire « dessinateur de presse »), Nono (50 ans de carrière). Son principal talent est de saisir la ressemblance, pour le reste il brosse ses lecteurs d’extrême-centre gauche dans le sens du poil.

Voyez un peu les pincettes que prend le journaliste du « Télégramme » pour interroger Nono sur le seul sujet un peu « délicat », l’alcoolisme endémique qui règne en Bretagne* : « Les Bretons ont un petit penchant pour la dive bouteille… Tu as souvent été inspiré par ce phénomène [sic] qui peut faire sourire mais qui est aussi un facteur de risques pour la santé et pour les comportements. Comment t’en sors-tu sur ce thème devenu délicat avec le temps ? » (20 juillet).

Même appeler un chat un chat est difficile pour un journaliste de la PQR bretonne, alors pour ce qui est de faire le lien entre la culture féministe puritaine et l’alcoolisme, n’en parlons pas !

*Endémique au point que le tribunal de Rennes est le seul de France à disposer d’une section spécialisée dans la criminalité des alcooliques au volant.

Danses macabres et drôles

« Il y a ces squelettes rieurs qui, vêtus à la mode de l'époque, interviennent dans un jeu amoureux ou une partie de cartes, s'installent à la table d'écoliers, enrôlent des jeunes hommes dans l'armée, s'immiscent dans la peau d'une nourrice, montent à bord d'une montgolfière, entraînent les mortels dans une ronde carnavalesque (...) » écrit Daphné Bétard dans sa recension de « La Mort dans tous ses états – modernité et esthétique des danses macabres, 1785-1966 » (par V. Wackenheim, éd. L'Atelier contemporain) dans Beaux-Arts Magazine (Juin).

L'ouvrage contient de nombreuses reproductions des oeuvres de Frans Masereel, Gustave Jossot, Walter Drasner, Lucien Laforge, Alfred Kubin...

D. Bétard évoque « les fonctions cathartiques » de ces images. Depuis que F. Nietzsche a parlé du rôle cathartique de la tragédie grecque, les critiques d'art français voient de la catharsis partout ! Montrer l'absurdité de la guerre mondiale, comme fait Frans Masereel dans ses bois gravés, et plus généralement l'absurdité du XX^e siècle, n'a pas grand-chose de cathartique. Il est plus juste de dire que Masereel est un artiste politique.

« La mort a mille et un visages, mais son refrain est toujours le même. Elle vient sonner la fin de la partie. Inéluctable, terrifiante, sujet tabou en Occident, la mort, soulignait en 1865 le critique d'art et écrivain Jules Champleury, est «  antipathique à nos débiles tempéraments  (...) »

La mort, sujet tabou en Occident  ?? Shakespeare n'est quand même pas le seul à avoir montré quel ressort puissant la mort représente (“To be…"), même s’il peut casser d’un seul coup ; la mort porte le masque de la passion amoureuse dans plusieurs pièces de Sh.

Le thème du Christ mort sur la Croix est un thème pictural d'ailleurs assez répandu en Occident, et d’autres scènes où le cadavre du Christ est exposé. La mort est aussi encore plus directement représentée dans l'imagerie philosophique de la Renaissance, associée logiquement à la prostitution et à la vie militaire (Vénus et Mars s'entendent si bien).

Plus récemment la farce de S. Beckett « En attendant Godot » (1948) évoque bien le tabou de la mort (à condition de traduire Godot par « la mort », ce que Beckett a toujours refusé de confirmer ou d'infirmer).

Le romancier anglais Evelyn Waugh (préféré d'Orwell) n'avait besoin de rien confirmer, puisque son roman humoristique « Le Cher disparu » (« The Loved one »), situé en Californie à deux pas des studios de cinéma d'Hollywood, explore la relation sentimentale entre deux jeunes croque-morts. La mort n'a rien de “tabou” en Californie, c'est même un vrai business hyper-lucratif. Ce roman date de 1948, mais le vieillissement de plus en plus net de la population française devrait nous rendre la mort plus familière encore et inspirer aux entrepreneurs de la "start-up" nation de nouvelles méthodes d'euthanasie et d'incinération plus festives.

Agenda des expos de l’été 2025

Exposition Siné « Attention j’arrive »

L’association Saint-Just Culture Loisirs propose l’exposition « Attention j’arrive » consacrée au dessinateur Siné (1928-2016). Tout son parcours y est retracé depuis ses années de formation.

Exposition "Toulouse-Lautrec et l'art de l'affiche" à Albi

Henri de Toulouse-Lautrec s’est révélé être un excellent lithographe et un précurseur de l’affiche publicitaire. Cette exposition mettra en valeur le fonds d’affiches du musée spécialement restauré et présenté pour l’occasion, et le confrontera à des réalisations d’autres affichistes renommés (Jules Chéret, Alfons Mucha, etc.).

De la Caricature à l'Affiche, 1850-1918 - Expo au musée des Arts décoratifs

Le Musée des Arts Décoratifs revient sur les débuts de la presse satirique, de 1850 à 1918.

Signé Bretécher

La Cité de la BD rend hommage à Claire Bretécher (1940 – 2020) en lui consacrant une rétrospective retraçant le parcours de l’autrice et explorant les aspects marquants de son œuvre.

• Exposition GéBé à la BNF (Paris XIIIe) jusqu’au 19 oct. 2025.

Caricatures fraîches par Cabu, Micaël (“Marianne”), Sanaga (“Facebook”), Foolz (“Charlie-Hebdo”), FYD (“Facebook”) & Zombi (“Zébra”) :

(Cabu ici précurseur du mouvement des “Gilets jaunes” contre l’Etat bureaucratique.)

Les éditions associatives Zébra éditent aussi une revue littéraire illustrée disponible sur Amazon (ISBN 9798871742525) ou en écrivant à [email protected]

…et bientôt (sous presse) un essai sur Orwell & les Gilets jaunes (signé Thomas Dufresne) :