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REVUE DE PRESSE BD & CARICATURE ZEBRA N°130
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Centenaire du Surréalisme
Les cent ans du « Manifeste du Surréalisme » d’André Breton ont été commémorés en 2024, avec la discrétion qu’imposaient les Jeux olympiques, religion actuellement dominante. Le parfum d’ésotérisme entourant le courant surréaliste était sans doute typiquement parisien, comme les querelles qui morcelèrent rapidement la secte en sous-sectes, rendant le surréalisme inintelligible.
Le critique littéraire et essayiste Walter Benjamin (1892-1940) situe l’origine du manifeste des surréalistes dans un manifeste plus ancien, précédant la Grande guerre, signé d’Apollinaire cette fois. Il s’agit pour les surréalistes de préserver la dignité de l’art en des temps où la production industrielle, la plus triviale, s’impose partout et dans tous les domaines.
A. Breton était, de plus, soucieux de produire un art communiste ; c’est sans doute là que le bât blesse, dans le mélange d’ésotérisme et de communisme.
W. Benjamin, que l’on devine curieux de l’avenir de cette nouvelle école, mais aussi légèrement dubitatif, commentait ainsi la première expo. surréaliste :
« L’exposition surréaliste qui a lieu ici [à Paris] a fermé ses portes depuis peu de jours. Les œuvres présentées ne constituaient que le reliquat de ce que vous avez vu à New York [où la toute première expo. avait eu lieu]. Le sol de la salle principale était couvert de copeaux de bois d’où sortaient des fougères. Au plafond pendaient des sacs de charbon. Les seules sources de lumière étaient artificielles. On se retrouvait dans la Chapelle ardente de la peinture ; les tableaux exposés étaient un peu comme des distinctions honorifiques épinglées à la poitrine de la chère trépassée. Personne ne s’est particulièrement attardé sur le dessein de ces médailles et ordres de mérite.
L’entrée de l’établissement était composée d’une galerie de mannequins en papier mâché. Des garnitures en feuilles d’étain, des ampoules, des pelotes de fils et d’autres ustensiles magiques décoraient, en particulier, les zones érogènes des poupées. Cela tenait autant du rêve que le théâtre de Shakespeare peut tenir d’un magasin de location de masques. Je me suis laissé dire qu’il y a eu un débat pour savoir si la tenue de soirée était de rigueur pour le vernissage. L’argument décisif, tout à fait pertinent, aurait été que le cas échéant, cela empêcherait les travailleurs de venir. »
(L’Exposition internationale surréaliste s’est tenue à la Galerie des Beaux-Arts à Paris du 17 janvier au 28 février 1938. La page de titre annonce : « les organisateurs de l’exposition » sont André Breton et Paul Eluard ; le « générateur arbitre » Marcel Duchamp assisté de Claude Le Gentil.
[Le musée d’art moderne de New York organisa l’exposition « Fantastic Art, Dada et le surréalisme » en 1936.]
W. Benjamin conclut que le surréalisme a échoué à produire un art socialiste antibourgeois suscitant l’intérêt du public populaire, contrairement au cinéma de Charlie Chaplin auquel il prête cette capacité.
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Case extraite d’”Erostrate”, par Martin Veyron (éd. Dargaud, 2025)
Erostrate, héros moderne ?
Erostrate était un citoyen athénien vivant au IVe siècle avant notre ère et qui, néanmoins, était mû par une ambition qui en fait notre exact contemporain, puisqu’il voulait passer à la postérité… à n’importe quel prix ! Le culte de la personnalité repose sur ce désir. Il se murmure que certains assassins ultra-modernes ne tuent que pour cette raison-là ; quant à Erostrate, un peu moins stupide, il décida pour s’assurer une gloire éternelle de flanquer le feu au temple d’Artémis à Delphes, monument colossal qui passait alors pour une des sept merveilles du monde.
On imagine sans peine la consternation du conseil municipal de Delphes, une fois Erostrate arrêté, en apprenant le mobile d’un acte de vandalisme sans commune mesure avec l’aspersion d’un tableau de Van Gogh avec un bol de soupe pour le motif le plus noble (sauver la planète Terre de ses habitants)… Déjà au IVe siècle av. J.-C., la perte irréparable d’une merveille de l’art causait plus d’émoi que le massacres de dizaines de milliers d’individus anonymes dans un but indéfini.
On avait laissé Martin Veyron dans la Russie de l’excentrique Tolstoï (“Ce qu’il faut de terre à l’homme”, 2016), on le retrouve aux antipodes, dans la Grèce antique ; qu’elle soit brandie comme un argument militant par J.-L. Mélenchon, ou bien qu’elle soit enseignée en classe de terminale comme une corvée de fin d’études secondaires, la philosophie peut faire peur ! Les philosophes de l’Antiquité ne méconnaissaient pas le dégoût du public pour la prose, et concevaient des fables pour enrober leur philosophie ; d’un florilège de ces historiettes, parfois célèbres, parfois moins, M. Veyron s’est servi pour composer un scénario original. « Erostrate » est une BD philosophique qui change de ces BD de philosophie qui semblent conçues par des profs de philosophie.
Son thème philosophique central : - Comment se fait-il que l’homme puisse être aussi con ? C’est la question que se pose le conseil de Delphes interdit, face à un Erostrate presque aussi beau raisonneur que Socrate. Et est-ce que la connerie, en définitive, finira par l’emporter ?
NB : Les amateurs de grec ancien noteront que “Erostrate” ne vient pas d’Eros, mais signifie « armée d'Héra », tandis que Héraklès signifie « gloire d'Héra ». Le temple d'Artémis à Delphes n'avait pas seulement une fonction religieuse, c'était aussi un des plus anciens établissements bancaires.
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par Félix (détail).
Surproduction de BD
« Charlie-Hebdo » ne se prive pas comme chaque année d’égratigner la grande foire à la BD d’Angoulême (qui se tenait ce week-end). C’est une tradition depuis Cavanna d’épingler le militarisme, mais aussi l’infantilisme de certaines BD.
Le festival d’Angoulême est emblématique de la surproduction de bande dessinée, comme les supermarchés Leclerc son synonymes d’agriculture intensive. Cette surproduction ne bénéficie à personne : elle ne profite pas aux librairies, qui sont devenues des supérettes du livre ; la surproduction bénéficie encore moins aux lecteurs, qui ne savent pas où donner de la tête ; elle n’est pas dans l’intérêt des auteurs de bande dessinée dans l’ensemble, dont la situation professionnelle est rendue instable ; elle ne profite pas aux petits éditeurs, qui n’ont pas les mêmes moyens publicitaires que les gros ; enfin, elle pourrait bien asphyxier les gros producteurs eux-mêmes, qui suivent bêtement la mode au lieu de la précéder, comme faisaient les éditeurs belges de l’âge d’or plus malins.
Riad Saffouf a de plus prouvé que l’on peut faire de la bande dessinée pour adultes sans travailler avec un éditeur de bande dessinée. Les lecteurs français, mieux que les éditeurs ou les libraires, ont su reconnaître son talent.
Caricatures fraîches par M. Schmitt (“Zébra”), Johan de Moor (“Facebook”), Morten Morland (“The Sunday Times”), Guiduch (“Charlie-Hebdo”) et Zombi (“Zébra”) :
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par M. Schmitt
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par Johan de Moor.
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- Ce fut un appel très fructueux avec le président Trump… Il ne revendique aucun de nos territoires !
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par Guiduch.
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par Zombi.
Le numéro de février du fanzine Zébra est paru ; pour s’abonner, écrire à [email protected].
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