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REVUE DE PRESSE BD & CARICATURE ZEBRA N°139

Une parodique de “Charlie-Hebdo”
Charlie-Hebdo parano ?
L’hebdo (satirique) a décidé de porter plainte contre le détournement de sa Une par de mystérieux espions du KGB. Du moins les soupçons de la rédaction se portent-ils sur les services secrets russes, car qui oserait caricaturer V. Zélensky en ce moment, hormis des espions du KGB ?
Quatorze fausses Unes signées Riss ont ainsi été publiées sur les réseaux sociaux, manquant outrageusement de respect, non seulement au leader ukrainien, mais aussi au talent de Riss.
L’hebdo a déposé plainte contre X “pour le principe”, mais se dit peu confiant dans les chances de sa plainte d’aboutir. “Charlie-Hebdo” est bien placé pour savoir que la police française est aussi inefficace qu’elle est pléthorique.
De l’Art ou du Cochon ?
“Charlie-Hebdo” assure la défense de Bastien Vivès, dont les bandes dessinées à base de fantasmes sexuels adolescents et d’humour ont déclenché plusieurs actions successives en justice d’associations de protection de l’enfance, accusant ces BD d’inciter à des pratiques sexuelles illégales et de promouvoir l’inceste.
L’hebdo accuse le milieu de la bande dessinée d’hypocrisie, en oubliant un fait : Glénat mettait en vente ces albums sous scellé : était-ce de l’hypocrisie ou de l’autocensure de la part de l’éditeur et de B. Vivès ? Le milieu de la bande dessinée n’a jamais été une grande famille unie : il obéit d’abord à des règles commerciales.
Selon l’hebdo, le cas B. Vivès relève de la critique artistique et non des tribunaux. Bien dit. Mais décréter que “la bande dessinée est un art”, sur la foi de quelques syllogismes, est le degré zéro de la critique artistique.

Gilets rouges
En partant en vacances avec sa compagne dans l’île grecque de Chio, au large de la Turquie, Allain Glykos s’attendait à être remué au plus profond. Quelques décennies plus tôt, encore enfant, il avait dû fuir avec son père la Turquie ; son grand-père grec né à Smyrne, resté sur place, avait disparu sans laisser de trace, massacré par l’armée turque.
Cette espèce de pélerinage, accompli pour exorciser un passé douloureux, ne se passe pas comme prévu. En effet les belles plages de Chio, d’autant plus agréables que la crise économique a fait fuir une bonne partie des touristes (on est en 2015), ces belles plages sont alors le point de chute de familles syriennes de migrants chassées par la guerre hors de leur pays. Allain Glykos (le narrateur de cette BD) ne peut que s’identifier à ces « boat people » syriens en transit pour l’Allemagne (principalement).
Pas de pathos, un simple témoignage de ce qu’il a vu avec sa compagne, ou plutôt aperçu dans la pénombre, car les embarcations de fortune abordent en général de nuit la côte grecque ; et, ce que A. Glykos a vu est le pendant du tourisme de masse : un flux entrant en Europe par la Turquie, mais aussi l’Italie, la Libye… s’infiltrant dans une nouvelle brèche quand l’ancienne est colmatée, tandis que les touristes occidentaux sortent en masse par d’autres voies plus confortables, poussés eux aussi par une force invincible. L’économie de l’exil forcé est aussi lucrative que celle du tourisme de masse. Le principal mérite de “Gilets de sauvetage” est de mettre en relation ces deux flux, touristique et migratoire, aussi absurde et destructeur l’un que l’autre.
A. Glykos ne plaide pas ici pour la mémoire du passé douloureux : - à quoi bon ressasser d’anciennes douleurs, quand le présent offre tant d’occasions de soigner des plaies encore ouvertes ? Mais il manque un point de vue politique sur cette hémorragie d’êtres humains démentielle.
(“Gilets de sauvetage”, par Allain Glykos & Antonin, Ed. Cambourakis, 2018).

Hannah Arendt par Kem Krimstein.
Arendt ou Orwell ?
“Le Figaro” rend hommage cette semaine à l’essayiste Hannah Arendt, disparue il y a 50 ans, dont l’oeuvre s’apparente à celle de George Orwell ; celui-ci fit le choix antiacadémique de la satire plutôt que de l’essai.
“Le Figaro” rappelle que le projet d’H. Arendt était de proposer une théorie de l’action politique. Cette volonté de restauration de l’action politique était dirigée contre les politiques conservatrice et libérale, qu’elle considérait comme purement rhétoriques, le conservatisme ne conservant rien et le libéralisme ne libérant rien, cela depuis le début du XXe siècle (in : “Qu’est-ce que l’autorité ?”, 1954).
Orwell estimait pour sa part que “l’Histoire s’est arrêtée en 1936”.
“Le Figaro” déplore que l’essayiste soit souvent réduite à son propos sur la “banalité du mal”. Le quotidien en résume mal le sens : H. Arendt ne dit nullement que “le mal est superficiel”, mais que le gouvernement technocratique, qu’il soit nazi ou soviétique, abolit l’éthique, au point qu’A. Eichmann est dépourvu de conscience morale : la loi est absurde, mais c’est la loi. A l’action politique, au sens noble que H. Arendt lui prête, le gouvernement technocratique substitue le protocole politique (“process”).
Tandis que H. Arendt s’est efforcée d’écarter le christianisme des causes du totalitarisme, pour G. Orwell au contraire Big Brother représente une sclérose typiquement occidentale de l’Etat, bien qu’elle ait été imitée par la Chine et le Japon. La morale puritaine que le Parti socialiste fait régner est une éthique judéo-chrétienne. La jouissance est défendue à Océnia, comme il est défendu à Adam et Eve de cueillir le fruit de l’arbre.
Caricatures fraîches par Garcia (“La Voix de l’Ain”), Chappatte (“Le Temps”), Dalaine (“Facebook”), Marian Kamensky (Slovaquie), Truant (“Twitter”) & Zombi (“Zébra”) :

par Garcia.

par Chapatte.

par Dalaine.

par Marian Kamensky.

par Truant.

par Zombi.