REVUE DE PRESSE BD & CARICATURE ZEBRA N°104

14 Janvier 2024

Gemma Bovery par Posy Simmonds.

Expo. Posy Simmonds

Entre deux grèves, on s’est rendu à l’expo. Posy Simmonds au Centre d’art Pompidou ; le personnel du musée est persuadé que la direction veut le dégraisser à la faveur de la prochaine (longue) fermeture du musée pour cause de travaux…

Au Royaume-Uni, même les femmes apprécient l’humour et le pratiquent parfois… au moins depuis Shakespeare, si l’on en croit quelques-unes de ses comédies mettant en scène des femmes pleines d’esprit. Posy Simmonds baigna donc dans un milieu favorable à l’humour ; elle raconte que la lecture du « Punch », magazine humoristique auquel ses parents étaient abonnés, est à l’origine de sa vocation précoce de dessinatrice, à laquelle sa famille ne s’opposa pas.

Après les expos dédiées à Riad Sattouf, C. Bretécher et Franquin, le musée Pompidou en propose encore une bien faite sur le plan didactique, montrant les étapes du travail de cette caricaturiste et illustratrice, née en 1945. On évitera d’y emmener ses enfants si l’on veut éviter de susciter une vocation pour un métier assez risqué et peu lucratif. Avant de voir l’une de ses BD adaptée au cinéma, puis une deuxième, P. Simmonds a mangé de la vache enragée.

Sa carrière en dents de scie, au gré des occasions, est découpée en trois salons. P. Simmonds fit ses premières armes dans « The Guardian », quotidien de centre-gauche britannique (l’équivalent de « Libération ») qui l’embaucha au pied-levé en 1977 pour remplacer un collaborateur défaillant ; elle travailla aussi pendant quelques années pour « The Sun », tabloïd populiste à gros tirage, « pour faire bouillir la marmite », tient-elle à préciser. Dans les deux cas, son humour était apprécié et Posy se forgeait un style. Comme C. Bretécher, P. Simmonds n’hésite pas à prendre la bourgeoisie de gauche et ses mœurs à revers.

Les chaussures de Th. May, dessin d’humour par Posy Simmonds.

Après cette carrière satirique dans la presse, P. Simmonds obliqua vers l’illustration de livres pour enfants ; son credo, dans ce domaine, est qu’« Il faut qu’il y ait quelque chose de vrai dedans, quel que soit le degré de fantaisie dans laquelle l’histoire est enveloppée. » On pourrait interroger P. Simmonds lors du petit meeting prévu le 11 mars (à 19h/sous réserve) pour savoir si les éditeurs britanniques rétribuent aussi mal les auteur(e)s de livres pour enfants que les éditeurs français ?

« Matilda » est le titre-phare de P. Simmonds, qui consiste en l’adaptation et l’illustration d’un poème d’Hilaire Belloc.

Le cabinet de travail de P. Simmonds.

Les Français commencèrent à s’intéresser tardivement au travail de Posy Simmonds lorsque celle-ci publia une parodie du roman de Flaubert, « Gemma Bovery » ; le personnage créé par Flaubert est déjà très moderne, mais P. Simmonds l’a transposé dans un décor contemporain. Le romancier normand est aussi un peintre hors-pair, ce qui n’est sans doute pas pour rien dans le désir de P. Simmonds d’adapter son roman. Encouragée par le succès, P. Simmonds publia ensuite « Tamara Drewe », inspirée cette fois par un roman humoristique de son compatriote Th. Hardy (1840-1928).

P. Simmonds a donc eu le bonheur, en définitive, de pouvoir réunir ses deux amours, la littérature et le dessin. P. Simmonds concède que ses BD sont « très bavardes », suivant certaines critiques ; cela participe d’une volonté de sa part de se rapprocher de la littérature, ce qu’il est plus difficile de faire au cinéma.

Evidemment le parallèle avec Claire Bretécher (plus âgée de quelques années) s’impose, puisque cette dernière est une des très rares auteures satiriques de ce côté-ci de la Manche, dont la carrière décolla aussi dans les années 1980 grâce à la presse (« Le Nouvel Obs. » en l’occurrence).

P. Simmonds a aussi un point commun avec Cabu : l’admiration pour le caricaturiste britannique Ronald Searle (1920-2011).

(expo. jusqu'au 1er avril)

Autoportrait par P. Simmonds.

Bofa à Bruxelles

A l'instar de P. Simmonds, Gus Bofa (1883-1968) a aussi beaucoup dessiné en marge de la littérature. La galerie “L’Imaginaire” à Bruxelles expose quelques-uns de ses dessins inédits (ci-dessus) jusqu’au 28 janvier.

Bofa en profite ici pour faire la publicité pour son confrère et ami Pierre Mac Orlan (à “La Baïonnette”).

Quelques caricatures fraîches par tOad (“Twitter”), Kurt (“Nord Littoral”), Diego Aranega (“Canard Enchaîné”) & Zombi (“Zébra”) :

pat tOad.

par Kurt.

par Diego Aranega.

par Zombi.

Le fanzine Zébra du mois de Janvier 2024 vient de paraître.