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REVUE DE PRESSE BD & CARICATURE ZEBRA N°111
21 Avril 2024
Polichinelles cuisinant, par Giambattista Tiepolo.
Polichinelles de Tiepolo
Quel peintre incarne mieux le kitsch que le peintre vénitien Giambattista (Jean-Baptiste) Tiepolo (1696-1770) ? C’est sans doute là le destin de tous les artistes qui se contentent de satisfaire le goût de leur époque ; plus exactement l’art de Tiepolo reflète le goût vénitien, qui à la fin du XVIIIe siècle était une voie de garage.
Deux fils de Tiepolo furent enrôlés dans la petite entreprise familiale florissante : si la manière des Tiepolo est aujourd’hui démodée, les figures grotesques de polichinelles, mi-comiques, mi-inquiétantes, dessinées par les Tiepolo, contrastent avec le trop-plein de couleurs des grandes compositions. Beaucoup moins techniques, ces simples lavis suscitent encore l’intérêt en raison du parfum de mystère qui en émane. L’école des Beaux-Arts de Paris, qui en détient quelques-uns, les expose en ce moment (jusqu’au 30 juin).
On peut aussi admirer des dessins des Tiepolo dans le catalogue en ligne du Musée du Louvre, qui a archivé tous leurs dessins (dont l’illustration ci-dessus).
par Gavarni.
Sans oublier Gavarni…
La supériorité de Daumier s’explique notamment par son adossement sur Balzac, qui divulgua conjointement les ressorts de la société bourgeoise, précédant la société totalitaire. Les artistes français furent nombreux, au XIXe siècle, à discerner dans la « démocratie » un nivellement (que Tocqueville redoutait aussi, sur le plan politique).
Le roman réaliste, suivant la conception de Balzac, a été submergé au XXe siècle par le roman idéologique ou sentimental.
« La véritable gloire et la vraie mission de Gavarni et de Daumier ont été de compléter Balzac, qui d’ailleurs le savait bien, et les estimait comme des auxiliaires et des commentateurs.
Les principales créations de Gavarni sont : La Boîte aux lettres, les Etudiants, les Lorettes, les Actrices, les Coulisses, les Enfants terribles, Hommes et femmes de plume, et une immense série de sujets détachés. »
C. Baudelaire (in : “Quelques caricaturistes français” - 1857)
Vanoli déçoit
Autant dire tout de suite que « Yuna » déçoit, malgré le dessin poétique de Vincent Vanoli. L’idée d’embaucher une espèce de sorcière gitane pour résoudre des énigmes policières et de confronter ainsi deux milieux aussi différents que les Roms et la Police nationale, n’est pas une mauvaise idée, mais l’histoire patine et le scénariste (Baraou) la rafistole à coup de bons sentiments.
On est d’autant plus déçu que le précédent opus de V. Vanoli, « Rocco et la Toison » (2017) était une réussite, l’auteur nous entraînant à la suite de saint Roch dans un Moyen âge en proie à la peste, à la fois éloigné et proche de nous… au moins par la psychose.
Reportage au salon du tourisme, par Félix pour “Charlie-Hebdo”
Cabu irremplaçable ?
Pas facile de remplacer Cabu dans un domaine où il excellait et qui demande une longue expérience : le reportage dessiné. Quelques décennies avant le krach hospitalier de 2019, ses reportages dénonçaient l’organisation paramilitaire des grands hôpitaux parisiens, véritables usines à gaze, les moeurs du personnel hospitalier comparables à celles des casernes, avec leurs bizutages qui tournent au drame.
Félix relève cette gageure dans “Charlie-Hebdo”, et si l’élève est encore loin d’égaler le maître, Félix a fait des progrès : dans le dernier numéro, il démontre que le salon du livre et des écrivains ne prête pas beaucoup moins à rire que le salon de l’agriculture.
Quelques caricatures fraîches par Krokus (“Siné-Mensuel”), Kroll (“Facebook”), tOad (“Twitter”), Fyd (“Facebook”) & Zombi (“Zébra”) :
par Krokus
par Kroll
par Fyd
par Zombi