REVUE DE PRESSE BD & CARICATURE ZEBRA N°90

21 Mai 2023

Ratiche n°1

Ratiche

Suis-je le seul à feuilleter la presse économique, histoire de rigoler un bon coup ?

Dernièrement, dans « Alternatives économiques », on pouvait lire ceci, tenez-vous bien : « Est-ce que les pauvres ne seraient pas les seuls VRAIS écologistes ? »

Si la presse économique prête souvent à sourire, elle est avant tout conçue comme un puissant somnifère destiné aux personnes à qui le sommeil se refuse obstinément, surtout les gangsters en cavale et les banquiers (les gangsters en cavale ont tout de même une préférence pour la presse sportive).

Ecologie et humour ne font pas toujours bon ménage, en revanche ; on ne peut donc que saluer l’effort du fanzine « Ratiche n°1 » (format “poche”) pour les réconcilier (éd. Les Requins Marteaux, 2013), suivant l’exemple de Jean de La Fontaine et de Raymond Macherot.

Si vous êtes un vrai écologiste, il vous faudra attendre les soldes, car « Ratiche » n’est pas donné.

Sam Gross

Né dans le quartier du Bronx à New York en 1933, le caricaturiste Sam Gross s’est éteint le 6 mai, après une carrière bien remplie ; il exécuta en effet pas moins de 34.000 “cartoons” (il les numérotait), publiés surtout dans « The National Lampoon » et « The New-Yorker » (l’exemple ci-dessus est un des meilleurs).

Sam Gross, qui compte de ce côté-ci de l’Atlantique quelques admirateurs, ne se considérait pas lui-même comme un artiste, mais plutôt comme un excellent concepteur de gags, s’améliorant avec les années.

Moins connu que son confrère Saul Steinberg, dont le trait plus caractéristique a beaucoup été imité, Sam Gross était aussi emblématique de l’humour du “New-yorker”.

Le « politiquement correct » a entravé aux Etats-Unis le développement d’un humour plus caustique, tel que la presse européenne fournit de nombreux exemples. La presse politisée (militante) utilise par ailleurs la caricature dans un but de propagande en faveur du parti Républicain ou du parti Démocrate ; l’humour du « New-Yorker » se faufile donc entre le « politiquement correct » et la caricature « engagée ».

Le port de St-Brieuc, par Daniel Casanave.

La Gidouille briochine n°2

Comme « Charlie-Hebdo » se défend en disant : - Ce ne sont pas nos dessins d’enfants arabes noyés échoués sur une plage de Méditerranée, ou nos dessins d’enfants turcs agonisant dans les ruines d’un immeuble qui sont atroces, c’est la réalité qui est atroce ! Alfred Jarry aurait pu se défendre : - Ce n’est pas mon théâtre, mes chroniques qui sont absurdes, ce sont les journaux et ceux qui les écrivent qui sont absurdes !

Des centaines de millions de crétins assistant en mondovision au couronnement de Charles III, n’est-ce pas parfaitement surréaliste ?

Dans le second numéro de « La Gidouille briochine »*, hommage à A. Jarry, on s’interroge sur la signification de « Saint-Brieuc des choux », poème d’Alfred Jarry dédié au chef-lieu de préfecture où se déroula sa petite enfance, sans heurt notable. En effet, si l’humidité de cette capitale régionale rend l’exégèse des choux aisée, elle n’explique pas pourquoi « tous les bons habitants ont perdu la tête » !?

Comme la pataphysique est la science la plus dissuasive de la lecture des journaux, facteurs d’imbécillité sociale, pour ne pas dire d’anarchie, il est permis d’avancer l’explication suivante (qui n’est pas sans lien avec l’humidité) : peut-être les Briochins étaient-ils déjà, du temps où Jarry séjourna parmi eux, des lecteurs assidus du quotidien “Ouest-France“ ou de son concurrent “Le Télégramme” ?

*Les Briochins sont les habitants de St-Brieuc.

Quelques caricatures fraîches par Rust (bulletin de la CGT), Juin (“Charlie-Hebdo”), Andy Davey (“The Sunday Telegraph”) & Zombi (“Zébra”) :

Caricature par Rust.

Caricature par Juin.

Caricature par Andy Davey

Caricature par Zombi