Cocorico ?

Corinne Rey, alias Coco, fait l’objet de menaces de mort redoublées depuis qu’elle a osé publier dans “Libération” une caricature sur le ramadan dans la bande de Gaza bombardée. Quand on se moque de la mort, elle répond.

André Breton, qui consacre un chapitre à l’humour noir, l’oppose à l’art engagé. C’est un des principes du surréalisme un peu oublié, qui contraignit A. Breton à démissionner du PCF, peu porté sur l’humour en général.

Breton a oublié de souligner que l’humour noir se manie à peu près comme la nitroglycérine. Hamlet s’est bien gardé, dans le cimetière où on enterre Ophélie, de faire de l’humour noir devant la famille de la défunte.

Overdose

Pour en savoir plus sur les coulisses des prochains Jeux olympiques, on peut lire le dossier spécial édifiant que le « Canard enchaîné » leur consacre.

Comme on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre, les contrôles de police et les fouilles systématiques, les survols de drones et d’hélicoptères, ont été gommés sur l’affiche officielle de la trente-troisième olympiade.

Il a fallu deux mille heures de travail à Ugo Gattoni pour confectionner cette affiche-diptyque. Qui sait combien de temps une intelligence artificielle aurait mis pour faire le même travail ?

Le côté parc d’attraction saute aux yeux, mais aussi le côté ruche d’abeilles affairées à ne rien faire. Ugo Gattoni revendique l’influence de Salvador Dali ; de fait ce grand prestidigitateur inventa le musée-parc d’attraction (dans sa ville natale de Figueras).

Le Grand Flau

Il y a comme un effort constant de la bourgeoisie pour étouffer l’art comique ; elle justifie le besoin existentiel des artistes d’échapper aux codes bourgeois, excluant l’humour. Jules Romains fit un ouvrage à la fois populaire et scandaleux, « Knock ou le Triomphe de la Médecine » (1923), presque à l’insu de son plein gré.

Molière en a donné la clef en montrant que la bourgeoisie a, de son côté, un besoin existentiel de paraître sérieuse, que ce soit par le moyen de la religion ou celui, plus récent, de la culture.

Dans son hommage (ci-dessus) au « Grand Flau », le caricaturiste Lucien Métivet (1863-1932) montre bien deux choses : le lien entre le musée et l’académisme ; la muséographie est l’embaumement de l’art ; un bon artiste est un artiste mort, car c’est ainsi qu’il fait le moins de tort à la bourgeoisie et qu’il est le plus rentable (Charlie-Hebdo mort et encensé est préférable à Charlie-Hebdo vivant).

L. Métivet a placé au premier plan Homais, à gauche, Bouvard et Pécuchet à droite, qui sont les personnages les plus saillants de Flaubert ; ils saillent comme des personnages de Daumier, dans une époque où la norme tend déjà à abolir le pittoresque.

Cubiste ou caricaturiste ?

Picasso « caricaturiste » en dit plus long que Picasso « cubiste », qui n’est guère plus qu’une formule publicitaire ; “cubiste” qualifie en effet le travail formel de Picasso à un moment et dans une direction donnés ; or Picasso s’est rapidement éloigné de la manière cubiste, avant qu’elle ne fasse recette et ne devienne le nouveau dogme enseigné dans les académies de peinture. Le cubisme n’est donc qu’une facette d’un artiste qui se dérobe à la définition.

Picasso « caricaturiste » est plus historique, car c’est bien une esthétique nouvelle, caricaturale, qui fit venir Picasso à Paris. Les premières toiles parisiennes de Picasso sont des imitations de Forain, Degas, Toulouse-Lautrec, dont la dimension caricaturale, voire satirique, est indéniable. La prostitution est d’ailleurs un thème récurrent chez ces artistes (qui ne sont pas comme G. Courbet des pornographes).

Si Baudelaire a promu la caricature au rang de l’art, en renversant le préjugé bourgeois (très provisoirement), il nous entraîne avec « la beauté de la charogne » sur une fausse piste. De la laideur, Daumier n’a pas fait un canon de beauté. Picasso redonne vie à l’art, il ne l’assassine pas.

Si on a raté l’expo. de ses dessins au musée Pompidou au mois de janvier dernier, on peut se rabattre sur le catalogie imprimé par “Connaissance des Arts” (hors-série), à partir de cet expo.

Caricatures fraîches par Pitch (“Twitter”), Ignace (“Twitter”), Francisco (“Twitter”), Lindingre (“L’Est républicain”), Piérick (“Fakir”), Cabu (“Charlie-Hebdo”) & Zombi (“Zébra”) :