REVUE DE PRESSE BD & CARICATURE ZEBRA N°103

1er Janvier 2024

par Damien Glez (Burkina-Faso)

D’Hergé à Orwell

On reparle du colonialisme d‘Hergé puisque les éditions Casterman et Moulinsart viennent de rééditer « Tintin au Congo », précédé d’un avertissement au jeune lecteur sur son contenu de propagande négationniste. Bien entendu les gosses ne liront pas cette préface et plongeront dans ce « Tintin » tête baissée, comme dans les autres aventures ; à moins que quelques-uns prennent conscience du décalage entre la propagande et l’Histoire, grâce à cette préface ?

Selon George Orwell, la question du racisme d’Hergé ne se pose même pas. Le journaliste britannique estimait que le racisme n’était jamais que l’expression vulgaire du nationalisme (le racisme des supporteurs de foot est secondaire en comparaison de l’esprit nationaliste, répandu par les compétitions de foot) ; d’autre part le colonialisme occidental, depuis la Seconde guerre mondiale, ne s’appuie pas sur un discours raciste, mais au contraire antiraciste. Les Etats-Unis n’ont pas envahi l’Irak au nom du racisme, mais de la démocratie.

Orwell est l’anti-Hergé, puisque son socialisme découle du constat de la brutalité du colonialisme britannique en Birmanie, qui fit prédire à Orwell l’effondrement de l’Empire britannique.

Pour se défausser sur ses commanditaires, Hergé disait ceci en 1975 au journaliste Numa Sadoul : « Je ne connaissais de ce pays que ce que les gens en racontaient (…). Je les ai dessinés, ces Africains, d’après ces critères-là, dans le plus pur esprit paternaliste qui était celui de l’époque. »

L’idéologie nationaliste n’est pas « paternaliste » ; les systèmes juridiques nationalistes sont égalitaristes.

La censure, c’est la liberté d’expression !

Les affaires de caricatures prétendument antisémites se suivent et se ressemblent ; après le caricaturiste de « The Guardian », Steve Bell, c’est le caricaturiste américain Gary Varvel qui est visé par cette accusation, dénoncé par le chef de l’Etat canadien en personne, Justin Trudeau, pour avoir osé publier le dessin ci-dessus dans le « Toronto Sun » (20 déc.) : le caricaturiste a été lâché par sa rédaction, qui a même proposé la destruction numérique de la caricature diffusée en ligne (?).

Si on peut juger cette caricature idiote ou injuste vis-à-vis du président ukrainien V. Zélenski, entraîné dans la Guerre froide entre l’OTAN et la Russie, et beaucoup moins responsable que des institutions telles que l’ONU ou l’UE, cette caricature n’a rien d’antisémite. A travers ce type d’accusation, assimilable à la censure, il s’agit de faire taire les caricaturistes qui osent critiquer la stratégie de l’OTAN.

Le syndicat des caricaturistes israéliens ferait bien d’exprimer sa solidarité avec G. Varvel, comme il l’a fait pour Steve Bell, car de telles méthodes contribuent à répandre dans le tiers-monde l’idée que « les Juifs dirigent l’OTAN » ; contrairement à la France, au Royaume-Uni, à l’Allemagne et de nombreux autres pays, le chef de l’Etat israélien a refusé de livrer des armes à l’armée ukrainienne et préféré, comme les présidents hongrois et turc, adopter une position moins belliciste.

Caricatures fraîches par Banx (“Financial Times”), Piérick (“Fakir”), Mickaël (“Marianne”) et Zombi (“Zébra”) :

par Banx (Royaume-Uni)

par Piérick

par Micaël.

par Zombi.