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REVUE DE PRESSE BD & CARICATURE ZEBRA N°95
10 Septembre 2023
Caricatures par Juin.
Charlie incompris
« Charlie-Hebdo » est décidément bien mal compris, comme l’illustre Juin (16 août) ; et le rédac-chef de protester contre les récupérations farfelues et les hommages intempestifs de tel ministre ou haut gradé de l’état-major.
Après tout G. Darmanin ne se gêne pas pour citer Brassens.
On se souvient que F. Hollande avait ouvert le bal, avant même que les blessés ne soient sortis de l’hosto : Paris a bien failli être entièrement tapissé de dessins de Cabu et Charb, comme de croix de Lorraine à la Libération.
Comme quoi c’est dur d’être aimé par des cons !
Toile par Miriam Cahn.
L’art de la provoc
L’expo. des œuvres de Miriam Cahn au Palais de Tokyo au printemps dernier a fait l’objet d’une controverse quand l’artiste-peintre a été accusée par une députée FN de faire l’apologie de la pédophilie (réprimée par le code pénal) dans certaine toile semblant illustrer une scène d’abus sexuel.
L’artiste suisse s’est défendue en présentant son travail comme un questionnement des images violentes diffusées par les chaînes d’info. et déversées à jet continu dans les foyers qui les regardent.
Il est vrai que certaines publicités commerciales paraissent une incitation plus nette à la pédophilie ; et, en 2023, la pub a sans doute plus d’influence sur les mœurs que l’art, la littérature ou l’éducation scolaire.
L’humour noir de « Charlie-Hebdo », qui suscite régulièrement des tollés, est moins ambigu car l’intention satirique des caricatures ne fait pas de doute. « Charlie » peut arguer de l’autodérision et rappeler qu’il a fait aussi preuve d’humour noir à propos du massacre abominable de ses collaborateurs.
L’art et la littérature modernes ont presque toujours rencontré l’incompréhension du grand public et des institutions. Cependant le certificat d’anticonformisme délivré par certains représentants des institutions à Miriam Cahn ou à d’autres artistes mérite lui aussi qu’on s’interroge. D’autant plus qu’il s’accompagne d’un mensonge : les lois républicaines n’ont jamais été particulièrement favorables à la liberté d’expression. L’Université française est, en outre, un instrument de censure très efficace ; un historien qui voudrait écrire la véritable histoire de la presse française au XXe siècle aurait sans doute du mal à trouver un éditeur et un diffuseur.
“Blake et Mortimer” par Floc’h.
L’art de la propagande
La couverture du dernier “Blake & Mortimer” signée Floc’h (éd. de luxe ci-dessus) rappelle que la guerre doit être tenue pour un Art aussi, non seulement la Bande dessinée.
Le soldat de première ligne, qui sort souvent cocu du conflit, a besoin de reconnaissance ; qu’à celà ne tienne, on en fera un héros de bande dessinée.
L’atmosphère complotiste de “Blake & Mortimer” est une atmosphère de Guerre froide. Le méchant Olrik est assimilable à tous les ennemis de l’Occident désignés par la propagande : nazis et communistes hier, chinois ou poutinistes aujourd’hui. La propagande se nourrit de fiction, peu compatible avec le vitriol de la satire.
par Norman Mansbridge.
Couverture du “Punch” de Londres
Paru en 1957, toujours d’actualité.
Quelques caricatures fraîches par Cambon (“Urikan.net”), Stokoe (“Private Eye”), Kurt (“Nord-Littoral”), M. Schmitt (“Zébra”) et Zombi (“Zébra”) :
par Stokoe, trad. de l’anglais.
par Kurt.
par Marc Schmitt.