REVUE DE PRESSE BD & CARICATURE ZEBRA N°101

3 Décembre 2023

Vive les JO !

Cabu s’en serait donné à cœur-joie avec les prochain Jeux olympiques de Paris, situés au carrefour de toutes les corruptions et qui s’annoncent comme les plus fliqués de toute l’histoire, bien loin devant les jeux olympiques de 1936.

« Plus con qu’un sportif, un journaliste sportif ! », disait-il, associant ainsi la presse à ce cirque. Sans les journalistes, en effet, la violence du milieu sportif serait dénoncée comme étant systématique, et non comme le fait de quelques moutons noirs isolés.

Une bonne idée, donc, de rééditer les caricatures de sportifs de Cabu, mais le gros recueil (publié par Michel Lafon) sacrifie beaucoup trop à la nostalgie ambiante et s’adresse plutôt à un public de boomers. Quel gosse reconnaîtra le sportif retenu par l’éditeur pour figurer en couverture ? S’il y a une génération qui doit être prévenue contre la corruption du milieu sportif et ses méthodes paramilitaires, c’est bien la jeune génération - en particulier les immigrés que la République a toujours envoyés au charbon.

La gloire des sportifs étant éphémère, une performance chassant l’autre, la plupart des stars des années 80 ou 90 ont sombré dans l’oubli, au profit de nouvelles mascottes.

Une petite brochure distribuée aux écoliers, illustrée par Cabu, pour les inciter à se chercher des modèles ailleurs que dans le sport, aurait été plus opportune que ce gros album en partie démodé.

Evidemment si vous avez un oncle ou un grand-père qui a fait « Mai 68 », cet album de Cabu fera un excellent cadeau de Noël.

La SF est-elle ringarde ?

Fallait-il rééditer « Métal Hurlant », magazine de bande dessinée franco-américaine des années 70-80, lancé par Jean-Pierre Dionnet, et qui mit le pied à l’étrier de nombreux bédéastes ?

Le «  hic  », si on peut s'exprimer ainsi, est que la science-fiction se démode très vite. Jules Vernes est un peu l’exception qui confirme la règle.

Dès la fin du XIXe siècle, le genre « post-apocalyptique » existe déjà, aussi bien en littérature qu’en bande dessinée. Il ne s’est pas beaucoup renouvelé depuis. On se doit quand même de mentionner « Brave New World », de l’essayiste anglais Aldous Huxley (exilé en Californie), en raison du niveau de connaissance scientifique de son auteur, en particulier dans le domaine médical, supérieur à la moyenne des auteurs de science-fiction, qui se contentent généralement d’extrapoler. Aldous était le frère de Julian Huxley, le père fondateur de l’eugénisme ou du transhumanisme, et le moins qu’on puisse dire est que les deux frères divergeaient quant au bénéfice pour l’humanité des manipulations génétiques. La dictature chinoise en a fait un usage cruel, qui donne plutôt raison à Aldous.

Pour ainsi dire, A. Huxley est le père du genre post-apocalyptique américain ; son « Brave New World » a très souvent été pompé par Hollywood, mais il est toujours édulcoré en raison de la satire féroce du « rêve américain ».

Les séries comiques publiées dans « Métal-Hurlant » (Margerin, Chaland…) sont celles qui ont le mieux vieilli. Mais, à tout prendre, la jeune génération ferait mieux de lire « 1984 » (en particulier les Gilets jaunes qui ne l’auraient pas lu et qui sous-estimeraient la violence de l’appareil d’Etat en temps de crise) ; la satire d’Orwell ne relève pas de la science-fiction, mais de la fable politique. « 1984 » est un bouquin très dur, presque insoutenable… mais quand même moins que le journal télévisé.

Osé

“ATTENTION : ce magazine contient peut-être des critiques du gouvernement israélien qui pourraient suggérer que tuer tout le monde à Gaza pour se venger des atrocités commises par le Hamas n’est pas forcément la meilleure solution à long terme au problème dans la région.”

(A l’intérieur : une punaise de lit gratuite dans chaque numéro !)

Le magazine satirique britannique bimensuel “Private Eye”, qui revendique 700.000 lecteurs, a osé cette Une, inimaginable au pays de “Charlie-Hebdo”.

Caricatures fraîches par Kurt (“Nord-Littoral”), Goubelle (“Charente Libre”), Philippe Tastet (“Twitter”) & Zombi (“Zébra”) :

par Kurt.

par Goubelle.

par Philippe Tastet.

par Zombi pour Zébra.

Le fanzine Zébra du mois de décembre est paru !