REVUE DE PRESSE BD & CARICATURE ZEBRA N°88

23 Avril 2023

par Helkarava, éd. Même pas mal, 2021.

La Voie du Manga

Helkarava est un jeune auteur qui a su s’approprier les codes du manga (dérivés du dessin industriel), qui le rendent ordinairement aussi monotone qu’une barre d’HLM ou un concert des “Daft Punk”.

Tomi, la jeune héroïne de « Pain bénit », casse elle aussi les codes de la société en apparence médiévale dans laquelle elle vit. Alors qu’elle semblait prédestinée à endosser le costume de sorcière du village, cette tête de mule de Tomi va ruer dans les brancards de la sainte Providence, du divin Hasard ou du miraculeux Karma ; car Helkarava dépeint une société religieuse, pour ne pas dire superstitieuse, sans désigner précisément cette religion, ce qui est plutôt malin vu que le diable les contrôle toutes.

Ruer dans les brancards est le trait de caractère dominant de Tomi - dans cette BD, ce sont plutôt les personnages masculins qui sont efféminés et les femmes couillues.

En somme, Helkarava raconte une aventure psychologique, celle des choix que l’on fait courageusement, ou que l’on s’abstient de faire, par paresse ou par peur. Moralité : la liberté n’est pas une sinécure.

Dans l’ensemble le scénario est bien rythmé, même si une dizaine de pages nous ont semblé superflues.

Tintinophilie galopante

Nous avons pris le parti de traiter de la tintinophilie comme d’une maladie - une sorte de lèpre culturelle ; les tintinophiles, plus ou moins subventionnés par la Société Moulinsart, s’efforcent de répandre le culte de Tintin & Milou, en poursuivant tous ceux qui osent représenter leur prophète sans payer de royalties.

Le pauvre Hergé, qui détestait les gosses (ils lui rappelaient sa propre enfance malheureuse), le voilà maintenant porté en triomphe par de vieux sophistes belges qui se pignolent sur ses cases !

Il n’y a pas d’adultes dans l’œuvre d’Hergé (au sens “d’individu responsable”), il n’y a même pas un seul adultère !

Dans « Faut-il brûler Tintin ? » (ed. Sépia), Renaud Nattiez (ancien énarque…) sort du « club Tintin » en comparant le comique de Hergé... à celui de Molière ?

Le comique de « Tintin & Milou » est surtout un comique de situation, comme celui de Feydeau. Hergé fait du Feydeau sans amants dans le placard.

L’humour de Molière est noir, de plus en plus noir à mesure que Molière avance dans la carrière. Don Juan (censuré pendant un siècle) est carrément satanique (il n’a aucun respect pour les femmes !), et cependant comique lorsqu’il fait tourner en bourrique ce cul-béni de Sganarelle.

Il n’y a rien de noir dans « Tintin » : le genre l’interdit. Quelquefois, Hergé fait rire avec les dialogues (les Dupondt), mais c’est un comique de répétition dont Molière use peu.

Avec ses « Idées noires », Franquin a d’ailleurs montré ce qui sépare la bande dessinée belge de l’humour noir. L’optimisme systématique de Tintin est, sans vouloir effrayer les mères de famille, caractéristique du consommateur de cocaïne.

Au nom de la satire, Zébra se devait de réagir. Tintinophiles, mêlez-vous de ce qui vous regarde ! (la lune).

par Larcenet

1er Prix Gotlib

Le premier prix de l’Humour Marcel Gotlib a été décerné le 22 avril à Manu Larcenet pour “La Tristesse durera toujours” (Dargaud) : un choix de titre audacieux pour un album comique…

Quelques caricatures fraîches, par Francisco (Twitter), Mutio (Urtikan.net), Salch (Charlie-Hebdo) & Zombi (Zébra)...

par Francisco.

par Mutio.

par Salch.

par Zombi.